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Contrastes

2 mai 2009

Bonne conscience

L'évolution de la morale humaine est le fruit de la conscience. N'a-t-on jamais éprouvé comme un sentiment de bonne conscience en donnant une pièce à quelqu'un qui mendie sur un trottoir ? Exprimer la moindre émotion en le voyant sur une grille d'aération dans la rue quêtant non seulement un peu de chaleur physique mais parfois, un peu de chaleur humaine, un regard, une reconnaissance, un semblant d'existence? L'amour d'autrui. On a toujours le sentiment de faire une bonne action, un peu comme si la journée se passerait mieux parce qu'on a été bon aujourd'hui, on a fait le bien. N'y aurait-il pas derrière cela quelque chose de beaucoup moins pur, de moins politiquement ou civiquement correct, l'instant de détenir un certain pouvoir de supériorité vers celui qui est en bas, à terre, dans le caniveau, alors que moi, je suis debout, je marche, je cours vers un réseau social construit, vers "mes" habitudes, vers "mon" bureau, vers "mes" collègues, vers "mon" univers. N'est-ce pas aussi pour se donner encore une fois bonne conscience de bien penser pour une fois, et pour tenter d'annuler toutes les autres actions qui n'ont rien de glorieuses, qui pèsent sur nos consciences, qui rongent nos ambitions et qui nous rappellent que le temps passe et parfois, use, beaucoup plus vite qu'on ne veuille bien en avoir conscience, uniquement quand on se déclare à l'entourage dans une phrase type du style :"je suis fatigué". Je suis fatigué de quoi ? Du temps ? De l'âge ? De ma conscience ? De mon inconscience ? Il y a toujours remords, regrets, culpabilité à un moment donné. Parce qu'on estime qu'on aurait pu faire mieux, différent, plus . Ou pas. Pour éviter ces poids. Selon les degrés de notre éducation, les valeurs diffèrent d'un point à l'autre, d'un regard à l'autre. Ce qui est mal pour mon voisin peut être bien pour moi. Au contraire, on semble toucher la plénitude après avoir vécu une action de générosité, de don, de soi ou d'autre chose, d'écoute, de partage. Tout n'est définitivement que contrastes, entre ce besoin de plénitude et le sentiment qu'il peut procurer, un souffle de bonheur concentré et éphémère, qui intervient à la pensée d'un doux souvenir, d'un projet tant désiré en pensant que ce sera bien, que ce sera mieux, et une sensation de vide, inévitable, sans prévenir, une torture progressive, évolutive, intime ou le désespoir s'empare de chaque seconde qui donne le même souffle à une vie qui avance. L'homme sera toujours partagé par l'instinct du bien et du mal, de la pureté et du vice, les pulsions humaines sont ainsi faites pour que les douleurs rejaillissent épisodiquement peut-être pour qu'ensuite, on puisse savourer le suc d'un bonheur furtif ou pérenne, selon qu'on veuille le cultiver ou pas. Il y a tellement d'éléments à accepter, il y a tant de combats pour avancer, où se faire sa place n'est rien sans prendre en compte notre propre conscience, tellement conditionné par notre inconscient. Et jour après jour, nous tentons de garder notre morale afin de nous donner bonne conscience. Le bonheur n'existe pas, si l'on n'en a pas la conscience claire.
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31 décembre 2008

La fin d'une période

"Le plus difficile quand on est célibataire, ce n'est pas d'être seul, c'est de vivre avec ses histoires passées.
Les plus grands moments qui nous polluent l'existence sont souvent ceux qu'on laisse créer dans nos têtes."

Je m'inspire de ces phrases d'un ami écrivain. Et j'y réfléchis.

La question est aussi de savoir si un des rôles du passé est de nous former pour mieux nous épanouir ensuite ? Il y a certainement du vrai là dedans même si ça ne fait pas tout.
J'ai longtemps vécu avec les démons du passé, ils m'ont poursuivi, parfois, je me surprends à les croiser encore. Mais j'espère les bannir totalement de mon esprit, de mes souvenirs. Je me suis longuement fermé au monde par peur de l'échec. Sur un plan affectif j'entends, celui qui touche les sentiments, les émotions, le sincère, le pur. Et comme je suis exigeant avec moi-même, je cherche l'idéal, la perfection.
Longtemps j'ai pensé que je ne pourrais me sentir bien qu'accompagné affectivement. Comme tout le monde, le besoin de se voir dans les yeux de l'Autre, que j'existe pour lui. J'avais peur que ce soit utopique, je pense que c'est réalisable. Et comme dans tout échange, j'ai besoin de son esprit, de son cœur, de son corps, de son regard, de ses attentions. Pour pouvoir faire la même chose en retour. Il n'y a échange que dans la réciprocité.

Et puis j'ai découvert avec ce temps que lorsqu'on découvre une personne, il n'est pas toujours bon d'avoir peur de ses sentiments, de l'autre et de soi sinon c'est l'impasse. Une fois ses craintes ciblées, être acteur sans être comédien, agir, vraiment. Et profiter de chaque jour qui passe, ensemble. Car tout peut sembler beaucoup plus facile quand on est deux. Nous ne sommes pas intemporels, c'est une réalité.
Oser aimer finalement pour être aimé. Le plus difficile dans une vie.

Dans quelques heures, symboliquement, une année passe. Pour laisser place à une nouvelle avec ses nouvelles résolutions comme s'il était profitable d'avoir un motif, un moteur, une béquille pour se projeter dans de nouveaux projets. Profitons-en.
2008 aura été l'année de toutes les préparations pour changer de vie, un avenir différent. 2009 devra être de la concrétisation de mes envies, de mes projets passés, parfois enterrés puis repris. L'année de tous les bonheurs, pour moi, pour que je sois bien et que je puisse faire ce qu'il m'est important, être heureux pour les autres, pour qu'eux-mêmes puissent l'être. Quoi de plus beau que d'aider les autres à être heureux, tout simplement. C'est mon vœu.
Voici donc les derniers mots de cette année.
Et que les douleurs disparaissent avec ce temps qui passe.
Car le meilleur reste à venir maintenant.

11 décembre 2008

Papier froissé

Dis moi, si c'était pour me déchirer ... tu peux me dire pourquoi tu es venu vers moi là ? Tu m'accuses de sortir des grands discours! Tu m'accuses! Tu m'agresses ! Tu me fais la morale ?! Mais c'est du pur délire! Tu sais, je m'en fous de ces communautés de merde, surtout à Paris, où personne ne respecte personne. Ici plus qu'ailleurs, c'est la porte ouverte à toute dérive. Et après, on reçoit des discours comme le tien, pensant détenir SA vérité et bien dans sa tête. On les rencontre sur les sites dits "d'utilité sociale", des sites de cul pour la plupart, même facebook parfois ! Au départ, c'est genre pour se rapprocher, pour favoriser le contact, la communication, l'échange, la relation, la proximité mais tout ce que ça crée par la dérive de l'utilisation machiavélique de l'Homme, c'est au contraire d'ériger des barrières supplémentaires, des garde-fous pour protéger son intimité, cette même intimité qu'on n'hésite pas à dévoiler au monde entier. Vive cette érection alors! Je veux bien en dire sur moi, c'est facile, c'est pas cher et ça peut rapporter gros et dès que j'en ai marre, derrière mon écran de contrôle, je clique sur "terminer", sur "cette personne vous dit qu'elle n'est pas du tout intéressée" ! No way! Et c'est ça le site d'utilité sociale, celui de démontrer à ceux qui sont un peu seuls que de toutes façons, ils le resteront et aux autres, parce qu'ils ont une belle gueule, un beau verbe ou une belle queue, qu'ils ont la main d'un coup de tête-balayette-manchette pour cliquer sur le bouton "stop-eject". Et tout ça me fatigue, me saoule après m'avoir enivré. Une communauté ? Impersonnelle, irrespectueuse, consommatrice voire consumériste car il n'est jamais trop prudent de s'allier pour se protéger. Au pays des cons, il y a toujours des érudits et des chefs. Et pendant ce temps, moi, j'écris, je traine, je regarde le temps passer. L'eau part de mon corps, l'air devient sec, les poils perdent de leur couleur. Pour ne pas le voir, on les coupe. Alors je continue de prendre une feuille de papier, bien blanche, pour laquelle j'aurais choisi la plus belle plume, celle avec laquelle je me sens le plus à l'aise pour coucher quelques mots en désordre, sans logique, par fil. Jusqu'au jour où moi aussi, je verrai que ce papier finira comme la peau de mon visage, usée par les éléments du temps, froissé.
2 décembre 2008

Pensées automnales

Il est temps maintenant que je change cette existence, cela devient urgent. Je m'interroge toujours sur l'utilité de l'écriture publique, cette façon de vouloir parler de sa vie au monde, pour laisser une trace dirons certains, pour formaliser des pensées penserons d'autres, pour exorciser une douleur espérerons les derniers. J'aime écrire. Ou j'aime les mots. Mais certaines fois, tout se bouscule et donne des mélanges peu esthétiques. Du coup,ça devient imbuvable,indigeste. Un peu sans queue ni tête. Je crois que le réel besoin me concernant est uniquement de coucher sur l'écran une succession de lettres qui forment des mots, des idées, mes pensées, mes ressentis, que je ne relis presque jamais, que je ne corrige pas. Autant que cela reste le plus spontané possible, c'est ce qui fait l'intérêt e cette écriture. Et si jamais j'ai envie de relire cela plus tard, cela me rappelle un état de pensée passé. Et rien de plus. Mais en attendant, j'aimerais bien changer ma vie. Vraiment. Espérons.
29 novembre 2008

Inspiration

Je n'aime pas l'hiver. Il fait froid, le vent glacial souffle sur mon visage, mes muscles se raidissent, je me contracte. Je n'aime pas avoir froid. Un samedi soir. Seul. Envie de rien. Je repense alors au temps. Toujours. Encore. Je me projette dans l'avenir mais je ne vois pas très bien, évidemment, je ne suis pas voyant. Alors je tente de profiter du présent, en relativisant, en me disant que je suis au chaud et que l'avenir m'appartient si j'ai envie de le gouverner. Je pensais être un humaniste, croire en l'homme, en sa valeur, en ses richesses. Je suis tellement déçu. J'ai toujours essayé d'avancer en respectant l'autre. Si le conflit arrive, je me retranche, je préfère. Et si des choix sont faits, alors je me dois de les respecter, c'est dans ma nature. IL va être difficile maintenant de faire autrement. Mais je suis tellement déçu. Et triste aussi. Je sais que j'ai fait beaucoup de mal, par mon comportement, par mon attitude, par mes envies, par mes dérives. Tout ne peut pas être si facile que cela. Et je sens bien que l'écriture tout de suite est pauvre, sans relief, noire et banale. Le résumé d'une vie. Cela fait des années maintenant que j'écris sur cette page. Pour quoi faire ? Laisser une trace ? Pour qui ? Pour quoi ? Et c'est tellement facile de se plaindre et de se lamenter et je ne supporte tellement pas ça. Et pourtant. J'aurais envie de crier ce soir, très fort, que tout cela me fatigue. Que la solitude que j'ai créée m'épuise, me réduit, abrège mes jours et finira par gagner. Je ne crois pas avoir mérité cela. C'est pourtant un fait. J'aimerais toucher les étoiles et voir le soleil. Tout simplement.
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27 novembre 2008

Ode funèbre

Il y a quelques temps, j'ai perdu un être cher, ma grand-mère. Mon père m'a alors demandé d'écrire quelque chose et de le dire, dans l'église, en hommage, au nom de toute la famille. Dans la nuit, j'ai écrit le texte qui suit. J'ai été ému. J'ai souri parfois. Le texte a été dit lors de la cérémonie, je n'ai pas flanché. Même si j'ai failli. En fait, je lui ai parlé avec cette intime conviction qu'un jour, nous nous retrouverons, le plus tard possible j'espère. "Je voulais signifier ces dernières pensées furtives, pour une dernière fois puisque nos chemins dans quelques temps, n'auront plus à se croiser ici, une fois que ton nom sera bien plus qu’un souvenir nouveau puis ancien, que nos appels n’aboutiront plus et que nos idées se seront noyées dans la mélancolie d’une nuit noire, silencieuse et profonde, comme un sommeil involontaire. Tu te sens alors définitivement libéré d'un poids que tu ne veux plus, que tu ne peux plus gérer. La vie cesse. Ta vie a cessé mais quelque chose se passe aujourd’hui, chacun de nous le sent, le ressent. Rien ne sera plus comme avant. Je voulais simplement écrire qu'au plus profond de moi, de mon âme et de mon cœur, quoi que nous nous soyons dits, quoique nous ayons fait, tous, avec tous les défauts que l’on peut avoir, et toutes les qualités aussi, qui ne peuvent faire qu'un seul toi, ou qu’un seul moi, mais pas qu’un seul nous, chacun garde son souvenir aussi pur, aussi fort et aussi intense, pour l'ensemble de ta vie. Je suis parfaitement conscient du temps qui passe, je sais aussi qu'il ne me sera jamais possible de revivre ce que j'ai vécu. Et tu sais aussi qu’il ne sera plus possible de revivre ce que tu as vécu. Les choses, les événements pouvaient te sembler parfois difficiles à comprendre ou à atteindre pour un être à la fois simple et complexe. Le chemin continuait à se tracer au fil d’un temps que tu ne maîtrisais pas mais qu’il te plaisait de parcourir, par ses chaos, ses lignes droites, ses murs. Le tout était donc d’essayer de poursuivre un chemin avec le plus de plaisir possible et avec des événements qui feraient que, à la fin de ce périple, il serait bon de dire : « c’était bon, c’était bien ! ». Sur ce chemin, il existait des nœuds un peu comme des carrefours, sur lesquels il pouvait t’arriver de t’arrêter ou de croiser d’autres âmes, d’autres corps, d’autres objets aussi, mais toujours avec un intérêt à chaque fois particulier. Tu étais toujours en quête de cet instant particulier, ce qui pourrait t’étonner, avec ton caractère, te surprendre ou te prendre, dans le respect, toujours et encore, de l’autre, âme vivante ou objet sans vie.
Les différents plaisirs qui pouvaient s’offrir à toi devaient être considérés comme des moments privilégiés, pour une personne grandissant, dans la plénitude et le bonheur d’une vie somme toute tumultueuse mais ô combien riche et intense. Comme le roseau, les vents t’ont été moins redoutables que ceux qui pouvaient souffler sur un chêne. Tu plis mais ne rompts pas. Tu avais jusqu’ici contre leurs coups redoutables, résisté sans courber le dos. Ce dernier jour où je t’ai vu , avant que je ne te quitte, nous n’étions plus que tous les deux, je voulais te dire quelque chose au creux de ton oreille. Je voulais te dire que je t’aimais, et je le dis ici aujourd’hui pour ceux qui n’ont pas pu te le formuler mais qui le pensent. J’ai repris ta main une dernière fois, et tu me l’as serrée très fort. Et tes yeux se sont accrochés à mon regard. Un peu comme si tu avais le vertige et que tu perdais l’équilibre, l’équilibre d’une vie longue et chargée d’émotions, de joie, de tristesse, de douleurs, de peine, de rire, de futilité, de simplicité, de richesses humaines, d’amour. Tu as vécu avec rien. Et tu as donné, beaucoup. Nous n’avons dit mots pendant quelques instants puis tu m’as dit : « j’ai peur » Je t’ai fixé, j’ai approché ma bouche contre ton oreille, j’ai serré ta main et je t’ai dit : « n’aies pas peur, ce qui t’attend est beau, tu le mérites, et on t’aime, je t’aime. » Je t’ai embrassé et ton regard m’a suivi. Tu m’as souri, tu as levé ta main pour me faire un signe d’au-revoir. C’était un adieu. Et je l’ai compris. Voilà. Une page se tourne. L’inspiration s’est évanouie et laisse place à une autre vie. Si le véritable chagrin se porte en silence, le véritable bonheur ne doit se supporter en souffrance. Il nous manquera toujours quelque chose pour que l’équilibre soit parfait. A force de trop vouloir, on perd tout. Et ainsi, les événements s’enchaînent et on s’interroge ou pas sur le fil d’un chemin qu’on souhaite maîtriser au mieux, à défaut d’en subir les tourments chaotiques ou les plaisirs enivrants. Tu as toujours voulu que tes enfants, que ta famille, que tes amis soient ensemble, s’accordent, se respectent, s’aiment. Que nous soyons ensemble. Et bien, regarde, nous sommes là. Et c’est toi qui nous regardes aujourd’hui. Lorsque nous serons vieux Et qu’ils seront partis Assis au coin du feu A écouter la pluie Nous nous rappellerons Des moments de la vie Qui nous réchaufferons En écoutant la pluie Dans ta petite maison Isolés dans les bois Nous nous réchaufferons Nous n’aurons jamais froid Nous nous rappellerons Ecoutant les grêlons De l’automne des bois Nous parlerons des fois En écoutant la pluie Nous nous tairons parfois Laissant battre la vie Mais pourquoi j’avais peur D’un avenir lointain Et de toutes ses heures Où je prenais ta main Lorsque j’étais moins vieux En écoutant la pluie J’imaginais souvent Allongé dans mon lit En écoutant le vent Balayant mon esprit Des souvenirs heureux De l’enfant endormi Et je rêvais souvent Alors qu’on serait deux Toi et moi dans le vent De la vie bienheureux Mais toi tu es parti Me laissant sous la pluie De chagrins et d’ennui Qui fait mal à ma vie Je n’imaginais pas Qu’un jour je serai vieux Que je serai sans toi Assis au coin du feu En écoutant la pluie En ayant moins d’envie L’enfant s’est endormi Et fait mal à ma vie C’est si difficile de vivre quelquefois, la mort nous semble d’une douceur infinie, un grand repos, une douce quiétude, le vide, le néant et puis plus rien. Entre la vie et la mort, il n’y a qu’un pas, entre la tristesse et le bonheur, il y a une route infinie. Que tu puisses trouver ailleurs ce que tu n’as pu trouver ici. Nous resterons avec toi comme tu resteras avec nous, car si le corps n’est plus, l’âme, elle, reste. Je finirais sur les paroles d’une des chansons que tu pouvais chanter, après « Mignonne, ma mignonne, vœux-tu venir avec moi … », tu aimais ceci : La marchande émue, doucement lui dit, "Emporte-les je te les donne" Elle l'embrassa et l'enfant partit, Tout rayonnant qu'on le pardonne Puis à l'hôpital il vint en courant, Pour offrir les fleurs à sa mère Mais en le voyant, une infirmière, Tout bas lui dit "Tu n'as plus de maman" Et le gamin s'agenouillant dit, Devant le petit lit blanc : "C'est aujourd'hui dimanche, tiens ma jolie maman Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant Et quand tu t'en iras, au grand jardin là-bas Toutes ces roses blanches, tu les emporteras"
1 mai 2008

Etre et paraître

Le titre de ce blog a rarement été aussi juste qu'en ce moment, dans les circonstances actuelles.
J'ai toujours admis que les contrastes ne pouvaient que nous aider à nous construire, à nous élever plus haut encore, que chaque coup était une nouvelle épreuve pour nous renforcer un peu comme les bactéries sont nécessaires à notre organisme pour nous protéger. J'ai toujours été conscient de la profondeur des contrastes pour voir et comprendre les nuances, les reliefs. J'ai un profond sentiment de décalage croissant avec le temps entre l'être et le paraître, cette inévitable nécessité de jouer pour éviter de s'étourdir, de chavirer, de tanguer et de sombrer. Je joue beaucoup, socialement. Je trouve cette force.Je joue l'acteur. Mais je ne suis pas. Et cela blesse.
Je tente de gérer au mieux mes émotions, au fil du temps et avec l'énergie que je peux avoir pour les gérer. Mais je m'étourdis.
J'ai traversé Paris cette nuit, il est tard, le contexte de la nuit dans une grande métropole comme Paris est tellement différent de la journée, le public n'est pas le même, l'alcool étant prédominant et montrant ainsi une face beaucoup plus sombre et noire que la journée. Les maux sont lâchés la nuit.
J'ai relevé mon col alors que le vent froid cinglait mes joues, je repasse non loin de mon dernier lieu de vie, encore emprunt des odeurs affectives et à un coeur qui saigne, malgré lui. Les images que je garde et qui, tel l'oeil de Caïn me suivent, sont difficiles à appréhender. J'ai beau tenté de me faire une raison et de prendre acte, les émotions restent encore parfois très présentes, à la fois rassurantes quant à ma capacité d'aimer et en même temps désolantes pour leur pérennité avortée. Il est sans doute toujours mieux de tuer le poussin dans l'œuf.
Il me reste encore ce goût amer, alors que presque toutes les conditions sont réunies pour que la construction soit solide. Je suis face à ma solitude, comme tant d'autres, celle du cœur, celle de l'âme et celle du corps.
Je sais qu'un jour, je l'espère, le soleil brillera. Il fait encore trop noir ce soir pour le voir, j'attends que le même vent souffle les nuages pour le laisser briller.
"L'apparence n'est rien; c'est au fond du cœur qu'est la plaie"

24 avril 2008

Jeff

Plusieurs mois se sont écoulés depuis mon dernier post, j'ai souvent eu l'envie d'écrire, remettant toujours au lendemain ce que je pouvais faire le jour-même. J'ai vécu des moments intenses, forts, qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Mais je ne parlerai pas ici de ces derniers mois,du moins, dans leur essence. Ce ne sont juste que quelques mots pour introduire mon discours actuel et les mots que je voulais écrire ce soir.
Fin d'année dernière, alors que j'étais dans un état d'esprit particulier, enclin à une nouvelle rencontre sérieuse avec l'envie de construire, après avoir décrit ici le jeu d'un coiffeur, faisant par la même occasion une infidélité ponctuelle à mon coiffeur en titre, je commençais une histoire profonde et passionnelle avec un garçon. Rencontre choc, imprévue, spontanée et très belle. Plongé dans quelque chose d'irrationnel, je me suis laissé emporter par les vagues, par le feu d'une certaine passion. Lui aussi. J'écris ici "passion", dans le sens le plus large du terme puisque cette passion s'est évanouie, par lui, il y a environ trois semaines. Nous étions allés très loin dans notre échange, notre construction. J'avais pris ma vie en main, croyant en l'avenir à deux, sûr de moi et de mes ressentis, réceptifs à ses requêtes et à ses nuances. Nous n'avons finalement pas avancé à la même vitesse et la césure a été inévitable, là encore, brutale, violente, douloureuse avec ce goût amer de l'échec, de l'envie d'abandon de soi.
Mais je me suis vite relevé, il le fallait, pour moi, pour nous. Pour vivre. Continuer. Avancer.
IL était encore trop présent pour que je puisse m'ouvrir à autre chose. J'ai donc repris mes anciennes habitudes, mes besoins de repères. Dont mon coiffeur, celui même à qui j'avais fait une infidélité. Nous correspondions trop bien pour que je puisse trop longtemps m'en éloigner. Quelque chose d'irrationnel encore se produisait. Un regard particulier. Un ressenti. Un autre toucher. Ses paroles. Son sourire. Et son regard qui ne me lâchait pas quand je m'éloignais du salon.
Car il m'avait fait comprendre qu'il espérait avoir une relation profonde et sincère, quelque chose d'un peu plus sérieux qu'une histoire éphémère, ce n'était d'ailleurs pas son genre, plusieurs fois nous en parlions et lui, connaissant ma vie personnelle et mon engagement d'amour, j'étais toujours clair, respectait cette vie, avec pureté, effacement et retenue.Mais dans ses déclarations, avec retenue, réserve et suffisamment d'assurance, il me faisait entendre que je serais bien celui avec qui il voulait s'engager, si les choses avaient été différentes. Il y avait cette complicité et cette communication non verbale , nul besoin de se dire les mots pour les ressentir.
Quand ma séparation a eu lieu, il l'a su très vite. Il était désolé. Il semblait vraiment l'être. Spontanément il m'a proposé de l'appeler, vite, pour qu'on parle, qu'on avance, que sans doute à deux, les choses sont plus faciles à accepter et pourquoi pas, l'avenir peut être beaucoup plus beau encore.
Je l'ai croisé la semaine dernière, il est sorti dans la rue pour me saluer, toujours sa main sur mon épaule et sa bouche un plus longuement posée sur ma joue, comme un signe de proximité particulier, de complicité. Perturbé par mon présent à vivre, je lui dis que "oui", je l'appellerai. J'en avais aussi besoin. Je lui indique également qu'il faut qu'il reprenne ma tête en main, je me trouvais si moche. Il sourit, me prend le bras et me rassure en disant que je disais n'importe quoi mais qu'il m'attendait, sourire aux lèvres, regard profond. Mais j'ai repoussé. J'ai dû encore digérer mon présent pour me sentir complètement disposé et par peur d'un nouvel échec, je ne voulais rien précipiter, il le savait. Il respectait.
Depuis quelques jours, je pensais qu'il était en vacances, il n'était pas là quand je passais devant le salon et pourtant il fallait qu'il me refasse ma tête, j'en éprouvais le besoin. Et j'avais aussi envie, besoin, de le revoir, pour que nous puissions échanger à nouveau.
J'ai appelé le salon ce matin pour prendre rendez-vous ce soir. On me dit au téléphone qu'il ne serait pas là ce soir. Et on me propose un autre coiffeur. Dont acte, je ne peux pas attendre. Je ne me sentais pas très bien, sans raison apparente, un pressentiment.
Un de ses collègues qui me connait, vient vers moi et m'annonce.
Jeff est mort, son corps est enterré aujourd'hui même. Il est mort la semaine dernière, le lendemain après l'avoir vu. Rupture d'anévrisme.
Je ne réponds pas. Mon cœur ne comprend pas. Mon corps ne réagit pas tout de suite, encaissant un nouveau choc. Puis je comprends.
Un livre d'or est posé sur une table. Sa photo est discrètement posée à l'endroit où il coiffait. Ses collègues sont adorables avec moi. Je me fixe dans le miroir et je vois ses yeux à plusieurs moments. Puis ils disparaissent perdues dans les nuées de mes larmes qui coulent enfin. Et j'en veux à un moment à la vie. Injuste. Je me demande pourquoi?
Samedi dernier, je disais à un de mes meilleurs amis que j'avais le pressentiment que la mort rodait autour de moi et que j'allais apprendre des mauvaises nouvelles. Quelques jours plus tard, j'apprenais la disparition de la grand-mère de mon meilleur ami, effondré, terrassé par cette perte. Je sais à quel point il l'aimait. Je la connaissais pas procuration. Cette nouvelle m'a attristé parce qu'elle touchait un de mes proches.
Et aujourd'hui, on enterrait Jeff.
Mais je suis toujours là, spectateur et dans la douleur.
Je pense à toi ce soir. Le silence de ta perte crie mon chagrin. Ton âme est belle, qu'elle repose en Paix.
A jamais.

24 octobre 2007

Au bout du chemin

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23 octobre 2007

La vie des autres

Chacun peut remarquer qu'il n'est pas toujours facile de s'échapper de son quotidien, de tenter de braver le risque, de respirer avec un souffle différent pour sentir autre chose. La vie n'a d'ordinaire que son ordinaire et nous sommes vite prisonniers de notre propre existence et de son contenu.

C'était en tout cas les constats que j'ai pu faire ces derniers jours, avec le sentiment amer qu'il est difficile de redonner un souffle agréable à une vie qu'on veut pourtant stable et pérenne. Mais heureusement, tout n'est pas qu'immobilisme et perte de goût, ce serait bien triste et des petites situations peuvent avoir lieu de-ci de-là pour redonner du piment aux heures qui passent. Celles vécues ce soir en sont la preuve vivante.
Il y a environ trois semaines, j'ai voulu changer de salon de coiffure, je ne suis pas très fidèle avec mes coiffeurs, ça me lasse vite. Habitué à fréquenter les salons plutôt gays et branchouilles, j'ai voulu pour une fois me retrancher vers un salon plus hétéro, même si cela peut paraitre contradictoire (cliché). Un des coiffeurs m'a donc pris en charge la dernière fois et j'avoue que le courant est passé plutôt bien et vite, avec une certaine aisance sans déplaire mon côté social.

Très vite, nous avons pu discuter de nos vies respectives, j'étais bien chez le coiffeur et il arrive très vite que les confidences personnelles se dévoilent sans tabou (ou presque). Il est vrai que nous ne connaissions pas mais quelque chose passait, nous plaisantions, il me racontait des anectodes avec des clients et moi j'écoutais, tantôt avec un commentaire, tantôt avec seulement un petit sourire complice tentant de démontrer que j'entendais ce qu'il me disait. En  fin communicant que je suis (sic), j'ai appris que les silences valent souvent mieux que la parole, le langage verbal étant un art difficile à maitriser. Lors d'une de la conversation, il comprit que je préférais quand même les garçons mais tint à me poser la question directe :"homo"? Oui. Les choses étaient claires et définies pour moi.
Lui m'avoua à son tour qu'il était ... hétéro, marié avec des enfants. Bref, une vie classique.
Et évidemment, le caractère inaccessible commença à attiser ma curiosité, mon fantasme. Tout homo qui se respecte aurait eu les mêmes pensées que moi. Ah oui, j'oubliais un point essentiel. Mon coiffeur est à tomber! C'est une bombe. Il a des yeux verts à faire chavirer la Calypso, un sourire laissant deviner une bouche magnifique, des fossettes lui conférant un visage candide avec la certitude de la maturité. Un passage fut assez difficile quand il m'avoua que pour lui, tous les hétéros sont un peu homos mais qu'ils n'osent pas se l'avouer parce qu'il faut faire mec. Que lui est amoureux de sa femme mais qu'il ne dit pas qu'un jour, il ne sera pas tenté même si la question ne se posait pas du tout actuellement. Je trouvais son analyse très intelligente et bien sûr accomodante. Mais le 6è sens que nous pouvons développer parfois me confirmait qu'il était à 100% hétéro mais séducteur et joueur, son besoin de plaire était présent et il ne s'en cachait pas trop. Je restais sous le charme en lui disant ... à plus tard.

Donc, pour en revenir à notre dernière aventure, j'ai retrouvé mon charmeur ce soir. Encore plus beau. Mais bien que je le trouve beau, mon esprit n'est pas disposé en ce moment à avoir envie d'un autre garçon.Convaincu comme je le pensais déjà depuis notre première entrevue de sa sexualité et de ses moeurs, je vois toujours en lui le garçon aimant jouer un double-jeu tout en préférant clairement les femmes. C'est une évidence. Mais en même temps, il y a une certaine ambivalence qu'il tend à développer mais pour quelle raison ?
Quel est son but ai-je pensé à un moment? D'autant que certaines attaques m'ont un peu plus surprises, et pourtant, je ne suis pas du genre à me laisser destabiliser par la séduction. Entre gays, c'est souvent très clair même quand ça ne veut pas l'être. Mais là, j'avoue que je suis plutôt sur un terrain que je ne connais pas bien. Car certaines remarques m'ont fait ... tanguer, doucement mais quand même.
Que puis-je penser quand il me déclare que je suis un super beau mec (selon ses propres termes) et moi répondant que "non, aps du tout" car très honnêtement c'est vraiment ce que je pense et lui renchérissant que si, et en plus avec cette petite mèche grise, c'est encore plus séduisant! Boum, au moins, il a remarqué que j'avais quelques cheveux gris (pour ne pas dire blancs). Je n'ai pu que, pour une fois gêné, répondre que lui était un beau mec, vraiment. Je l'ai alors senti gêné mais touché. Il me demande alors si c'est vrai et moi ne pouvant que confirmer car une fois de plus c'est vraiment ce que je pense. Je lui dis avec une toute franchise que ses yeux sont à mourir et que son sourire hyper charmeur mais que je sais qu'il le sait. Il semble à nouveau un peu gêné mais j'ai l'impression touché.

D'autres situations m'ont fait réfléchir (un peu) ou plutôt m'interroger. Quand il n'entendait pas trop ce que je disais, il s'approche de moi, la tête au niveau de la mienne, une proximité particulière a eu lieu en quelques secondes. Et je suis sûr que ce n'était pas au hasard. Je pense avoir senti à plusieurs reprises une volonté de séduction et de charmer très présente, notamment au moment il devait me regarder en face mais pas dans le miroir, pour donner un coup d'oeil à sa coupe. Il me tourne la tête vers lui et fixe ... mes cheveux. Et moi ... ses yeux. Il le sent. Me fixe une seconde, peut-être deux, sourit et me dis ... "arrête de me regarder comme ça, je vais craquer". Plus tard, il me dit encore que je suis vraiment un super beau mec (mais pourquoi insiste-t-il autant ?) et que pour lui, rien ne vaut une relation avec quelqu'un d'un peu plus âgé, avec de l'expérience. Même si cela aurait pu me mettre un coup (au sens figuré), je pris cette remarque comme un point plutôt positif.
Enfin, et alors que cette coupe était presque terminée, il me dit doucement pas loin de mon oreille pour que les autres clients n'entendent pas : "arrête, tu vas me faire avoir un orgasme" ... wawww!!
Sachant que quelques minutes plus tôt, il se lançait dans une approche un peu plus triviale mais qui m'interpellait quand même :" je vais le dire sans doute un peu vulgairement mais je suis sûr que toi, t'es un super bon coup".

Voilà, je crois que tout est dit. J'avoue qu'en repassant la bobine à l'envers, je me demande s'il ne m'a pas un peu dragué et cela faisait longtemps en tout que je ne l'avais vécu ainsi. Dire que ce n'est pas agréable serait bien évidemment mentir mais ce qui me déstabilise, c'est que cette séduction est toute nouvelle pour moi,ce n'est pas une séduction d'homo, pas du tout. Il semble vouloir faire comme avec une femme, enfin, je crois. Sachant que nous sommes tous les deux des garçons. Je pense qu'il va falloir que je laisse tout cela décanter mais bon, je pense que je n'aurais pas dû les faire couper aussi courts ces cheveux, je vais devoir attendre plus longtemps sauf si je fais comme il l'a dit à un moment, de passer comme ça pour me raconter une partie de ma vie. Mais ça je n'oserai jamais.
Ah là là, quand je disais que l'ordinaire ne l'est pas toujours.

Mais je ne sais toujours pas ce qu'il veut vraiment même si quand on dit à quelqu'un "tu n'peux même pas imaginer ce que je fais avec ma bouche", dans la bouche d'un homo, ça parle mais de lui ? Franchement, et toutes les dindes vont penser que je joue les naïfs alors que je jure que je n'ai pas encore compris et que selon moi, il ne fait que se prouver qu'il peut séduire, même un homo. Un jeu.Voilà.Un jeu.
Alors ...jouons!

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